Cultiver Du Cannabis À Autofloraison : Le Guide Ultime

Miguel Antonio Ordoñez

Journaliste freelance spécialisé dans le cannabis

Miguel Antonio Ordoñez

Mis à jour le: Novembre 11, 2022

Ci-dessous, nous décomposerons ce qu’il vous faut pour cultiver des autoflos et ce à quoi vous attendre à chaque stade de leur culture.

Que sont les variétés à autofloraison ?

Les plants de cannabis à autofloraison sont ceux qui sont capables de passer de leur phase de croissance à leur phase de floraison en fonction de leur âge, plutôt qu’en fonction d’indices lumineux provenant de leur environnement. Ils se placent en opposition aux plants photopériodiques traditionnels, qui quant à eux ne sont capables de passer en floraison que lorsque les heures d’ensoleillement (naturel ou artificiel) diminuent suffisamment.

Mais comment les plants à autofloraison ont-ils vu le jour ? Tandis que les plants photopériodiques comprennent des ratios différents de génétiques indica ou sativa, les variétés à autofloraison comprennent d’autres facteurs génétiques qui leur prodiguent la capacité de fleurir automatiquement, ils proviennent de Cannabis ruderalis. Cette sous-espèce de cannabis a dû s’adapter aux courts étés et aux conditions de développement difficiles de l’Asie centrale et de la Sibérie, ce qui leur a permis de traverser leurs cycles en leurs propres termes.

Finalement, des sélectionneurs de cannabis avant-gardiste ont pris conscience que le ruderalis pourrait être exploité pour donner un avantage aux hybrides indica/sativa en leur offrant un caractère autofloraison. Le cannabis ruderalis, par lui-même, ne produit que de petits rendements contenant très peu de THC, les premières variétés à autofloraison à avoir vu le jour étaient de ce fait généralement considérées comme médiocres. Toujours est-il qu’elles ont ouvert la voie sur les autos exceptionnelles qui existent aujourd’hui. De nos jours, les sélectionneurs ont su maitriser le pouvoir des traits à autofloraison tout en minimisant la quantité de génétiques ruderalis présentes dans le mélange final, ce qui a rendu possible l’accès à une bonne puissance et de bons rendements à partir de plants plus rapides, plus compacts et nécessitant moins d’entretien.

Ces traits très recherchés font des autoflos le choix parfait pour les cultivateurs débutants qui pourraient être effrayés par le cannabis photopériodique, cependant, les cultivateurs expérimentés qui cherchent des rendements décents en très peu de temps, disponibles toute l’année, profiteront aussi grandement de la culture des variétés autos.

Qu’est-ce qui change dans la culture de variétés à autofloraison ?

Même si la culture de plants à autofloraison est similaire à la culture de variétés photopériodiques en bien des aspects, il y a tout de même quelques différences notables. Les deux types de plants suivent les mêmes stades de développement : phase de semis, phase de croissance, phase de floraison et récolte. Mais c’est dans la manière dont ils se développent et ce dont ils ont besoin que l’on trouve des différences. Voici ce qu’il faut savoir.

Intérieur vs extérieur

La culture de variétés à autofloraison en intérieur a ses avantages, par exemple, celui d’un environnement contrôlé. Vous pourrez y exposer vos plants à des températures et niveaux d’humidité parfaits ainsi qu’aux meilleurs cycles lumineux pour atteindre les meilleurs rendements possibles au mètre carré. Cependant, comme pour tout type de culture de cannabis en intérieur, le cout est plus élevé. Afin d’optimiser les variables environnementales, vous devrez investir dans un système plus élaboré si vous souhaitez cultiver en intérieur.

Sous le soleil, la culture d’autoflos est simple comme bonjour. Ces plantes sont résilientes et peuvent être cultivées toute l’année tant qu’il ne fait pas trop froid. Cependant, même si les variétés autoflos sont capables de fleurir par elle-même, elles nécessitent tout de même des conditions favorables pour offrir des résultats optimaux qui peuvent être plus difficiles à atteindre en extérieur.

Programmes d’éclairages

En termes d’éclairage, nous avons déjà mentionné que les autos ne sont pas soumises à un programme particulier. Les plants photopériodiques d’intérieurs doivent voir leur temps d’éclairage réduit à 12 heures de jour, 12 de nuit pour lancer leur floraison. Les autoflos, quant à elles, sont généralement cultivées sous un cycle en 18–24 de la phase des semis jusqu’à la récolte. Le programme exact variera d’un cultivateur à un autre, mais la plupart choisissent d’exposer leurs plants à 18–20 heures de lumière par jour. Cela aide à minimiser les couts tout en laissant une petite période de repos à vos plants.

L’absence d’obligation de changer le cycle lumineux peut particulièrement faciliter la vie aux débutants en quête d’une bonne récolte. En extérieur, les autoflos peuvent supporter quasiment tous les changements de cycle lumineux saisonniers, mais c’est sous la chaleur d’un soleil estival qu’elles s’épanouiront le plus.

Nutriments

Les nutriments sont essentiels au développement de toutes les plantes. Mais avec les autoflos, il faut être un peu plus prudent à cause de leur carrure plus compacte et plus petite.

Pour commencer, faites attention au substrat dans lequel vous les cultivez. Ceux-ci sont généralement préfertilisés avec tout ce qu’il faut pour répondre aux besoins d’une plante durant les 4 premières semaines. Pour les autos, c’est plus ou moins toute la durée du cycle de croissance, ce qui veut dire que vous n’aurez pas à engraisser durant cette période. Ceci dit, un petit stimulateur racinaire ne fera pas de mal.

Lorsque vous commencerez à administrer des engrais de floraison, faites-le en utilisant ½ à ¾ de la dose recommandée sur l’emballage. Vous éviterez ainsi le surengraissage et les brulures nutritives qui s’ensuivent, ce genre de problème peut vraiment ruiner une culture d’autoflo.

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Niveau de pH

Le pH (l’acidité ou l’alcalinité d’une substance) va de pair avec les nutriments, car il dicte la possibilité pour une plante d’assimiler les nutriments présents dans une substance. Pour les plants autoflos comme photopériodiques, un bon pH est entre 6,0–7,0 en terre comparé à 5,5–6,5 en hydro. Pour vous assurer que tout aille comme sur des roulettes, menez régulièrement à bien des mesures de pH de votre substrat ainsi que des eaux d’écoulement et de vos solutions nutritives. Si les valeurs sont mauvaises, vos plantes ne se nourriront pas de manière optimale et vous devriez envisager l’usage de produits pH up ou down afin de rectifier les valeurs dans un sens ou dans l’autre.

Techniques de palissage

Voilà un domaine majeur ou les différences entre autoflos et photopériodiques se font ressentir : la majorité des techniques de palissage sont déconseillées. Il est déconseillé de tailler et d’étêter les plants autos, car ils n’auront pas le temps de se remettre correctement du trauma que cela entrainer avant d’entrer en phase de floraison. Cela mènera potentiellement à de mauvais rendements.

Même si certains cultivateurs expérimentés font tout de même le choix de mettre en place un des HST (high stress training, ou palissage à haut stress) mentionnés ci-dessus, la seule méthode régulièrement recommandée pour les autos est le LST (low-stress training). Cette méthode implique d’attacher la tige et principale et les branches vers le sol pour encourager une croissance latérale et une plus grande exposition à la lumière, sans pour autant exposer la plante à trop de dégâts nécessitant une période de récupération réelle. Cela dit, il est important de noter que le low-stress training est recommandé aussi tôt que possible dans la phase de croissance lors d’une culture de variété auto.

La culture : étape par étape

Bon, examinons maintenant la culture des variétés autoflos. Nous aborderons chaque stade pour vous donner une idée de ce qui se passe pendant chaque étape, de la germination à la récolte et verrons ensemble comme optimiser les conditions.

Phase de germination et des semis (semaine 1)

La phase de germination est sans doute la plus importante de toute votre culture : en tout cas, c’est là que le processus commence. Ici, les graines répondent à l’humidité et à l’obscurité en envoyant une racine pivotante dans le sol et de petites feuilles cotylédons au-dessus de la surface.

Pour les autos, il est recommandé de semer les graines directement dans leur contenant final. Les autoflos ne réagissent pas très bien au rempotage, celui-ci doit donc être évité. La taille et le type de pot ont également leur importance. Alors que certaines autos ne sont destinées à atteindre que 60-80 cm environ, d’autres peuvent facilement culminer au double de cette taille. Renseignez-vous sur vos cultivars spécifiques et assurez-vous que la taille du pot est adéquate. Des pots d’environ 8,5 litres suffiront pour les petits plants, tandis que ceux de 10 à 15 litres conviendront mieux aux plants de taille moyenne ou grande. En termes de matériel, les pots en géotextile, aussi appelés pots intelligents, sont parfaits pour les autoflos (comme pour tous les plants de cannabis, d’ailleurs), car ils permettent aux racines de respirer et de se tailler naturellement.

Durant cette première semaine de culture, la qualité du substrat est très importante. Comme les autoflos n’ont pas besoin de beaucoup de nutriments, il est préférable de les faire pousser dans un sol léger et aéré.

Phase de croissance : (semaines 2-5)

L’ensemble du stage végétatif (ou phase de croissance) ne dure que 3 à 4 semaines pour la plupart des autoflos. Ainsi, les autos sont vigoureuses et se développent seules durant cette période, en absorbant la lumière et les nutriments disponibles afin de développer de puissantes tiges et feuilles.

C’est également à ce stade que vous devez commencer le palissage à faible stress (LST), si vous décidez de suivre cette voie. Cela augmentera la pénétration de la lumière dans tous les sites de têtes et permettra de réduire la hauteur de la plante.

Pendant cette phase, faites de votre mieux pour maintenir les températures dans une fourchette de 20-25 °C, et les niveaux d’humidité (RH) à environ 50 %. Vers la fin de la phase végétative, réduisez légèrement l’humidité relative à 45 % pour minimiser la menace de moisissures et de pathogènes. Bien que cela varie en fonction du cultivar et de l’environnement, vous pouvez vous attendre à arroser vos plants d’environ un demi-litre d’eau toutes les 24 heures.

Phase de floraison (Semaines 6–11)

En tant que cultivateur, la phase de floraison est l’une des plus excitantes. Bien heureusement, vos plantes décideront par elles-mêmes du meilleur moment pour elle de fleurir. Même si vous n’avez pas à changer le cycle lumineux, vous pouvez changer la température des lampes de couleur et choisir de passer d’un bleu froid à un rouge chaud afin d’encourager le processus de formation de têtes.

À ce moment, vous commencerez à voir de petits poils blancs se former sur les nœuds (où les tiges et les branches se rejoignent), c’est le premier signe de présence de fleurs. Lentement, mais surement, vous les verrez se développer en têtes collantes et résineuses. Certaines plantes peuvent également passer par une dernière période de croissance verticale avant de concentrer leur énergie sur la production de fleurs. À la fin des phases de croissance et de préfloraison, vous pouvez vous attendre à ce que votre plante atteigne une hauteur de 50–100 cm.

En termes de facteurs environnementaux, l’humidité relative (RH) peut rester à 45 % pendant les premières semaines de floraison, mais elle doit être réduite à 40 % lorsque les fleurs deviennent plus denses. La température peut également être ajustée à 23 °C. En ce qui concerne l’arrosage, environ 0,5–1 l d’eau par 24 heures devrait suffire.

Contrairement à la phase végétative, la durée de la phase de floraison peut varier considérablement en fonction du cultivar à autofloraison en question. Celle-ci a tendance à être plus courte que celle des variétés photopériodiques, elle dure en moyenne 5–10 semaines.

Phase de la récolte

Vous avez donc tout fait correctement et il est maintenant temps de récolter les fruits de votre labeur. Le meilleur signe que votre plante est prête à être récoltée est lorsque vous voyez environ 70 % de trichomes de couleur laiteuse, 15 % de trichomes clairs et 15 % de trichomes ambrés. Cela signale un pic de THCA et s’accompagne souvent d’un jaunissement des feuilles et de pistils brun rougeâtre. La plupart des autoflos seront prêtes à être récoltées à la dixième semaine suivant la germination, mais encore une fois, tout dépend de votre plante.

De plus, assurez-vous de ne pas lésiner sur les étapes très importantes de la manucure, du séchage et de l’affinage, car elles sont essentielles pour obtenir des têtes dignes d’être partagées. Une fois que vos têtes ont été débarrassées de leurs feuilles résineuses et séchées jusqu’à ce que leurs tiges craquent quand on les plie, elles peuvent être déposées dans des bocaux en verre remplis aux ¾ pour s’y affiner et continuer d’y sécher pendant plusieurs semaines.

Cultiver des variétés à autofloraison : simple comme bonjour

Comme vous pouvez le voir, la culture des autoflos n’est pas un processus très complexe. En suivant simplement nos recommandations, vous serez parfaitement équipé pour obtenir des rendements élevés à partir de plants robustes. Que vous soyez un novice faisant ses premiers pas dans la culture du cannabis ou un vétéran cherchant à profiter de tout ce que les autos ont à offrir, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour vous lancer !