Comprendre Le HpLV Dans Le Cannabis : Risques Et Précautions

Quand on cultive du cannabis, les infestations peuvent être frustrantes ou tout simplement traumatisantes. Il peut être troublant de repérer des colonies d’insectes ou de champignons ayant élu domicile dans vos cultures. Mais on envisage rarement la possibilité d’infections microscopiques, comme les virus et les viroïdes.

Dans cet article, nous allons explorer le viroïde latent du houblon, un agent pathogène qui s’est étendu aux plants de cannabis. Qu’est-ce que c’est, quel est son impact sur les plants d’herbe et est-ce aussi terrible ?

Qu’est-ce que le viroïde latent du houblon ?

Le viroïde latent du houblon (HpLV) est un organisme microscopique qui affecte principalement les plants de houblon, mais qui peut également affecter le cannabis. Un viroïde est similaire à un virus, mais il est encore plus simple. Il est composé d’une seule chaîne d’ARN, sans aucune protéine. Un organisme ne peut pas être plus simple et des débats sont même en cours pour savoir si c’est un organisme vivant.

Un viroïde infecte ses hôtes et se réplique dans les noyaux des cellules. L’ARN est le code de l’ADN et de l’expression génétique. Ainsi, une fois que ce brin d’ARN a pénétré dans une cellule hôte, il reprogramme l’ADN pour que la cellule devienne aussi, dans ce cas, une usine à HpLV.

Quand on dit que le HpLV est microscopique, ce n’est pas pour dire qu’il est très petit : il est plutôt minuscule, impossible à voir sans un puissant microscope. Observer vos plants à l’aide d’un microscope de poche ne vous révèlera rien. Ce viroïde fait à peine 40 nanomètres de long. Pour vous donner une idée de comparaison, c’est un milliardième de mètre (0,000 000 004 0 m). Le moyen le plus efficace de savoir à coup sûr si le HpLV est dans vos plants est d’utiliser un test PCR, qui n’est pas facilement accessible.

Pour les cultivateurs professionnels en Amérique du Nord, le HpLV est considéré comme un problème significatif. Un article de recherche suggère que jusqu’à 90 % des plants en Californie pourraient être infectés avec ce viroïde (Sandy, 2021) et un autre a découvert que 40 % des échantillons canadiens contenaient cet organisme (Lange, 2023).

Mais quels sont les symptômes et est-ce un grave problème ?

Quels sont les symptômes du HpLV dans le cannabis ?

Les symptômes d’une infection au HpLV dans le cannabis ne sont pas évidents et la plupart du temps ils ne sont presque pas visibles. Il n’existe pas de signe révélateur qui indiquerait immédiatement que vos plants sont infectés.

Phase de propagation

Si des clones sont prélevés sur des pieds mères infectés avec le HpLV, le développement des racines sera significativement réduit par rapport à des plants sains. La croissance sera plus lente et le système racinaire ne se développera jamais à la taille à laquelle il devrait. Ces effets affecteront par la suite la croissance générale du plant, avec pour résultat un plant adulte plus petit et moins productif qu’attendu.

De plus, ce développement des racines réduit à une phase si précoce rend les plants plus sensibles aux agents pathogènes qui ciblent la zone racinaire, ce qui signifie que le HpLV peut ouvrir la voie à des infections encore plus graves.

Phase végétative

Si un plant devient infecté pendant la phase végétative, vous pourriez remarquer un ralentissement significatif de la croissance. Parmi les symptômes, vous pourriez retrouver les suivants :

• Croissance latérale réduite
• Tiges friables
• Feuilles plus petites et étroites
• Décoloration des feuilles
• Distance entre les nœuds inhabituellement courte
• Une odeur rappelant les feuilles en décomposition

Il faut noter que tous ces symptômes n’apparaissent pas toujours. En fait, les symptômes pourraient ne pas être apparents du tout jusqu’à l’entrée en phase de floraison du plant. Cela peut être problématique pour plusieurs raisons. Pour commencer, cela signifie que les cultivateurs pourraient prélever des clones sur ce qui leur semble être un pied mère totalement sain et qui est en fait infecté. Pour être réaliste, en dehors des grosses opérations de culture à l’échelle professionnelle, il n’y a rien qu’un cultivateur amateur moyen puisse faire, si ce n’est prendre des mesures pour éviter d’infecter les pieds mères dès le début.

Phase de floraison

Les infections au HpLV sont les plus évidentes pendant la phase de floraison. Même si les chercheurs ignorent pourquoi, la concentration en viroïde est à son plus haut pendant cette phase du développement du plant.

On retrouve les symptômes suivants :

• Croissance généralement plus petite
• Feuilles décolorées
• Têtes plus petites qu’attendu
• Moins de développement des trichomes qu’attendu

Les têtes récoltées sur les plants infectés semblent présenter jusqu’à 50 % de cannabinoïdes de moins qu’un spécimen sain du même phénotype, cultivé dans les mêmes conditions. Ainsi, ce viroïde affecte non seulement la croissance à l’échelle macro d’un plant, y compris le rendement, mais il réduit également radicalement la qualité finale des têtes que vous récoltez.

Comment se répand le viroïde latent du houblon ?

Le HpLV peut se répandre de plusieurs manières. Dans cette partie, nous allons les présenter et dans la partie suivante nous expliquerons ce que vous pouvez faire pour éviter ces contaminations.

Si un plant devient infecté au cours de son cycle de vie, par opposition à une infection dès sa naissance, alors le viroïde pénètre à travers le phloème et prend six semaines pour infecter tout le plant. En deux semaines, il est détectable dans les racines du plant. En quatre semaines, il est détectable dans toutes les nouvelles pousses et en six semaines il peut être trouvé dans tout le plant.

Contact direct

Le moyen le plus courant par lequel les plants sont infectés au HpLV est par contact direct, soit avec d’autres plants infectés, soit avec des outils/mains qui ont été en contact avec des plants infectés.

Par exemple, si vous avez une culture dense avec de nombreux plants qui se touchent, cela va augmenter les risques de voir un plant infecté transmettre le viroïde à ses compagnons. Autrement, si vous taillez un plant infecté avec des outils et que vous ne les nettoyez pas avant de tailler le plant suivant, il y a de fortes chances pour que vous infectiez ce second plant et les autres que vous taillez après. C’est la même chose pour les gants et les mains.

Via les racines

La concentration en HpLV est la plus élevée dans les racines des plants de cannabis. Si vous cultivez en pots, en terre, alors ce n’est pas un souci. Cependant, si vous faites pousser de multiples plants dans une installation hydroponique, alors ce virus peut se répandre à travers l’eau dans le réservoir.

Il est aussi possible que plusieurs plants qui poussent ensemble dans la même plate-bande transmettent le viroïde par contact racinaire souterrain.

Par reproduction

Il a été montré que l’infection peut se transmettre des parents aux graines et cela semble être le cas, peu importe si le mâle ou la femelle sont infectés, ou les deux. Des tests ont montré que l’infection peut être présente à la fois sur l’extérieur de la graine et à l’intérieur de la graine. S’il n’est pas détecté, le HpLV pourrait potentiellement être transmis sur de nombreuses générations de plants de cannabis via la sélection, même si de très hauts niveaux d’hygiène sont respectés.

Comment prévenir le HpLV dans le cannabis

La prévention du HpLV est très difficile, en particulier car il peut être très délicat à repérer pour commencer. Il existe toujours des précautions à prendre.

Pour commencer, pratiquer une bonne hygiène réduira fortement les risques de transmettre l’infection d’un plant à l’autre. Nettoyez toujours les outils et les mains après le contact avec un plant, même si vous ne le soupçonnez pas d’être infecté. Cela réduira non seulement la transmission du HpLV, mais aussi de toutes sortes d’agents pathogènes.

Le viroïde peut survivre jusqu’à cinq jours sur les surfaces et jusqu’à quatre semaines sur les feuilles sèches. Cela le rend étonnamment stable et lui donne une bonne longévité, ce qui pose des problèmes supplémentaires.

Si vous remarquez que la croissance d’un plant est très ralentie, il pourrait être utile de l’éliminer de vos cultures. Il y a de fortes chances pour que vous ne fassiez pas de test PCR pour prouver la présence de HpLV, mais peu importe. Un plant ralenti est probablement infecté d’une manière ou d’une autre (une fois que vous avez éliminé la probabilité de problèmes de pH et de nutriments) et l’éliminer de vos cultures est une précaution utile, même si vous ne savez pas quel est exactement son problème.

Enfin, ne reproduisez pas et ne prélevez pas de clones sur des plants que vous soupçonnez d’être infectés, car l’infection pourrait se transmettre aux générations futures.

Certains cultivars sont-ils résistants au HpLV ?

On dirait bien. La recherche a montré que des plants de Jamaican Lion infectés avec ce viroïde étaient toujours capables de se développer normalement, même si le virus était présent dans tout le plant. La quantité et la qualité des récoltes semblaient ne pas être affectées.

Il est probable que d’autres cultivars puissent aussi être résistants, mais on ignore exactement lesquels. Cependant, il semble que si ce viroïde devenait un énorme problème pour la production mondiale de cannabis, les plants pourraient être sélectionnés pour afficher une résistance à ses effets négatifs.

Comment traiter le HpLV dans les plants de cannabis

On ne peut pas vraiment. Il a été montré que la thérapie à la chaleur était inefficace et la thérapie au froid n’a pas été prouvée. De plus, on ne peut pas désinfecter les tissus infectés : une fois qu’il est là, le viroïde va rester.

Donc, vraiment, le meilleur moyen de le traiter est par la prévention et l’élimination des plants infectés. Pour les cultivateurs amateurs, le problème ne persistera probablement pas au-delà d’une seule culture et c’est donc quelque chose qui pourrait juste se produire de temps en temps. Cependant, pour les cultivateurs professionnels et les sélectionneurs, le problème peut être plus conséquent.

Les risques de consommer du cannabis atteint de HpLV

Aucun risque ! La bonne nouvelle est que le HpLV ne semble pas avoir d’effets négatifs sur l’humain quand il est consommé, peu importe la méthode de consommation. Vous n’avez donc pas à vous inquiéter de consommer des têtes contaminées par inadvertance.

Même s’il peut poser un risque pour vos plants et votre récolte, il ne pose pas de risque de santé pour vous ou tous ceux qui pourraient consommer votre cannabis.

HpLV : insidieux et difficile à traiter

Ce viroïde est peu compris et les risques qu’il pose aux cultures, en particulier les cultures amateurs, sont inconnus. Pour le cultivateur ordinaire, il n’est peut-être pas utile de s’en inquiéter trop, surtout comme il ne représente pas un risque de santé pour l’humain.

Comme vous pouvez probablement le voir, il est très difficile de le détecter et pratiquement impossible de le traiter une fois qu’il est apparu. Il n’est donc pas utile de se stresser à son sujet. La meilleure précaution à prendre est d’acheter des graines auprès d’une banque de graines de qualité, ce qui vous protégera contre toutes sortes d’agents pathogènes.

Max Sargent

Max est pigiste depuis plus de 10 ans et s’est tourné vers le journalisme du cannabis et des produits psychédéliques ces dernières années. Rédacteur pour des entreprises telles que Zamnesia, Royal Queen Seeds, Cannaconnetion, Gorilla Seeds, MushMagic et bien d’autres, il est fort d’une grande expérience dans ce secteur.

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